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L'EXIL (partie 1)

L'EXIL " Je sens la pluie s'abattre sur moi, s'abattre sur mon visage et mes cheveux... Le vent qui s'engouffre dans mon petit chandail usé, rapiécé, troué encore ça et là... Je n'ai que 7 ans, je ne comprend pas bien ce que l'on fait tous là. Hier encore, je jouais dans mon jardin avec ma soeur, je cueillais des fleurs pour ma grand mère... J'adorais quand elle me cuisinait des blakawas aux pistaches ou quelques atayef quand on rentrait de l'école avec ma petite soeur... J'habitais à Damas... Une grande ville dans mon pays, ma patrie... La capitale, ils disent... Mais aujourd'hui, tout ça n'existe plus... Les palais orientaux dorés aux couleurs fastueuses ont fait place aux débris innommables laissés par les bombes de ceux qui se disaient êtres "nos frères"... J'étais heureuse, j'étais une enfant qui ne posait pas de questions et qui vivant dans l'insouciance de ses 7 ans... J'étais heureuse jusqu'à ce que je vois leur drapeau noir et blanc flotter sur la ville, comme un bateau pirate en pire... J'ai vu ses hommes arracher ma maîtresse sous mes yeux d'enfant, mes yeux innocents... J'ai connu la guerre et l'horreur, et j'ai couru à travers les snipers et les bombes. Je croyais que tout cela n'existait que dans les livres... Ma soeur, ma petite soeur est partie comme un fétu de paille dans l'explosion de mon école. J'ai couru, j'ai couru... Je voulais m'évader, me réveiller sortir de ce cauchemar ignoble... J'ai couru jusqu'à ma maison mais elle n'était plus là, emportée dans un tir de mortier, et gisant à la place un trou béant sentant la cendre et la mort... J'ai vu un bras dépasser... J'ai regarder en pleurant la main qui prolongeait ce bras décharné... Ma grand-mère n'était plus... Je ne voulais plus en voir plus... J'ai couru, j'ai couru... Hier encore, j'avais des rêves plein la tête... Hier encore, je voulais être médecin, avocate ou porte parole de quelque chose... Papa me disait souvent que je parlais trop, mais que c'était peut-être nécessaire pour réveiller les consciences, même si notre monde aujourd'hui n'était pas encore tout à fait prêt a laisser une femme s'exprimer... Même si leur mariage avait été arrangé, ils ont eu la chance de se trouver et de véritablement s'aimer... Papa nous avait dit que pour nous, il ne voulait pas de mariage arrangé, qu'il estimait que le temps venu, nous serions suffisamment grande pour choisir à qui offrir notre coeur... Les mots de papa ne plaisaient pas... Je le sais, car je l'entendait souvent en discuter avec maman.. Mais il espérait que les opinions changeraient, évolueraient... Pourtant, parfois je sentais qu'il avait peur.. On entendait certains messages porteurs de mort, porteur de radicalisation... On entendait le poison se distiller parmi les cerveaux de certains hommes de la ville... On entendait le sadisme sifflotant de Daesh résonner dans nos oreilles... J'ai couru, J'ai couru... Les larmes brûlaient mon visage de petite fille, se mêlant à la poudre décimée qui parcourait mon corps... J'ai couru, j'ai couru... J'avais peur, tellement peur, je voyais les corps décimés, décharnés qui se mélangeaient au débris de nos maisons... J'entendais les balles voler au dessus de ma tête... J'entendais les pierres qui roulaient déplacées par les pas lourds des gens qui s 'enfuyaient... Ca y est Damas n'est plus... Damas est morte, ils nous l'ont pris, nous l'ont volée... Ces tueurs de mort m'ont tout arraché... Je cours encore... J'escalade des montagnes, tombe dans la boue, m'écorche le visage et les mains... Je cours le plus possible de cette mort qui me guette je cours vers la mer, vers un monde qui je l'espère sera meilleur... Je dois réussir, le faire pour Loubna, ma petite soeur cueilli par la détonation à l'âge de 4ans... Je veux vivre, rêver, voyager, je veux que les gens savent ce que l'on à vécu... Je veux retrouver mon Pays... Je veux revoir mes collines et mes fleurs... Je veux qu'on reconstruise ses palais aux milles couleurs... Je veux qu'on me rende ma vie... Alors que je grimpe sur un bateau de fortune, ne sachant même pas où je vais... Je ne connais rien du monde extérieur... Je n'ai que 7 ans, je veux qu'on me rende mon pays, ma famille, mes amis... C'est un cauchemar... Je vais me réveiller... Je ferme mes yeux, ils sont glacés d'effroi, secs, à force de trop de larmes versées... Je vois les mêmes visages fermés que moi dans l'embarcation de plastique qui ne protège même pas... Je fuis la guerre et la mort... Je fuis... Je ne veux plus courir... Je veux qu'on nous aide, qu'on nous porte secours... J'ai 7ans mais mon innocence de petite fille s'est envolée aujourd'hui... Je m'apelle Samaya... Je suis syrienne et je veux vivre... " Léticia joguin- rouxelle


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